septembre sélève
au tableau noir bruit de craie
je lève le doigt
mais mon tour depuis longtemps
septembre sélève
au tableau noir bruit de craie
je lève le doigt
mais mon tour depuis longtemps
Au creux de son oreille |
Juin tout flambant...
Juin tout flambant verdoie en plein azur.
Les bigarreaux, la guigne et la merise
Ont pris couleur ; un parfum de fruit mûr
Loin des vergers s'envole avec la bise.
La molle odeur, qu'un bon vent favorise,
Gagne l'Afrique où, fuyant les hivers,
Plus d'un oiseau frileux fait sa remise ;
L'air s'en imprègne, et, par-delà les mers,
Le loriot a senti la cerise.
Il part ; son beau poitrail d'un jaune pur
Est tout gonflé d'aise et de convoitise.
Rasant les flots d'un vol rapide et sûr,
Il vient chez nous, juste à l'heure précise
Où le fruit rouge est à point. Il se grise
Du suc juteux et du parfum des chairs ;
Son bec se mouille et son gros il s'irise,
Sa joie éclate en sons flûtés et clairs :
Le loriot a senti la cerise.
Guigne sucrée ou griotte au goût sur,
Il pille tout, trouvant tout à sa guise ;
Puis vers le soir, dans un doux clair-obscur,
Ragaillardi par cette chère exquise,
Il fait un doigt de cour à sa payse
Au bord du nid suspendu dans les airs.
Galanterie est sur de gourmandise
Et l'amour est le meilleur des desserts.
Le loriot a senti la cerise.
Roi des forêts, chêne, dans tes bras verts
Berce les ufs de mousse recouverts ;
Petits, brisez votre coquille grise,
Pour vous nourrir dans les clos grands ouverts,
Le loriot a senti la cerise.
André Theuriet