• Corse

    Corse

    Corse par Maurice Frappier
    Corse © Maurice Frappier

    La Corse est un petit rocher balancé dans un univers coupé en deux. En haut, le passé et ses souvenirs (vendetta, maquis), en bas, la mer.
    Les dieux de la Méditerranée auraient pu s’y installer en villégiature. La Corse est aussi le berceau d’une communauté longtemps malmenée par l’Histoire. Un peuple qui a souffert des envahisseurs et de l’isolement.
    Fille de la « mère » Méditerranée, la Corse a su tirer bénéfice de toutes les influences du Bassin. « Métisse » mentale et culturelle, la Corse ne renie aucunement les emprunts qu’elle a faits.
    Dure et tragique, secrète et sauvage, la Corse ne sera jamais seulement une région de plus sur la carte de la France. Rien qui soit rationnel ici : ni le relief ni le climat, ni les passions ni les maisons, ni les Corses. Les plages y sont bien sûr paradisiaques, les criques ultra-secrètes et les montagnes abruptes, accidentées.
    Cette île est un mélange de rocaille et de volupté, d’austérité et de parfums d’île lointaine. Accrochées à la montagne, isolées dans le maquis, les maisons de pierre et d’ardoise abritent autant de secrets de famille que de souvenirs de vendetta.
    Le maquis : c’est la Corse profonde ! Celle des cochons sauvages et des vaches en liberté, des fontaines au bord des routes, des longs hivers où l’on fabrique, loin du tohu-bohu de l’été, la coppa, le figatellu et la farine de châtaigne.

    Divisions administratives : une collectivité territoriale et deux départements, la Corse-du-Sud (préfecture Ajaccio) et la Haute-Corse (Bastia). Cette division est effective depuis le 1er janvier 1976 et a été pérennisée en juillet 2003 à la suite du refus, par référendum, de la réforme institutionnelle.
    - Superficie : 8 680 km². C'est la quatrième île de la Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne et Chypre.
    - Point culminant : le Monte Cinto (2 706 m), et des dizaines de sommets à plus de 2 000 m.
    - Population : environ 300 000 habitants.
    - Densité : environ 35 hab./km².
    - Diaspora : on estime que 2 millions de Corses vivent hors de l'île (ce qui comprend les Corses nés en Corse et leurs enfants ayant gardé un lien avec l'île). Marseille serait la première ville corse au monde, avec environ 300 000 Corses.
    - Population active : 37 % de l'ensemble de la population.
    - Tourisme : il contribue à hauteur de 12-15 % au PIB régional.
    - Forêts : elles couvrent p46 % de la superficie de la Corse.
    - Produits exportés : à 80 % ce sont des produits viticoles, et des fruits, dont des agrumes (citrons, oranges, clémentines).
    - Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco : le golfe de Porto (calanche de Piana, golfe de Girolata et réserve naturelle de Scandola).

    Économie

    La région se distingue de la plupart des autres régions françaises par la fragilité de son économie : un PIB par habitant inférieur d'environ 20 % à la moyenne nationale, un pourcentage d'emplois publics élevé (31 %), soulignant la faiblesse de l'emploi industriel, par exemple.
    L'un des enjeux de feu le processus de Matignon en 2000-2001 était « le décollage de l'économie corse ». On s'aperçoit combien économie et environnement sont liés : la Corse possède, avec sa nature généreuse, un capital inestimable que certains veuillent faire fructifier.
    Si la Corse est toujours ce paradis naturel si recherché, c'est aussi parce que l'industrie n'a pas débarqué sur l'île pour y faire les ravages que l'on connaît ailleurs. Le secteur industriel progresse, mais il n'emploie guère plus de 7 % de la population active (contre 18,5 % sur le reste du territoire). Si tant de Corses ont dû quitter leur île, c'est qu'ils n'y trouvaient pas de travail.
    Les touristes sont vus comme « l'or bleu », mais encore faudrait-il qu'ils se répartissent un peu mieux, afin de faire vivre aussi l'arrière-pays et pas seulement la frange littorale. Les dernières statistiques semblent prometteuses et incitent à un optimisme relatif, malgré certaines pesanteurs et difficultés.
    Des secteurs d'activité prometteurs existent : l'aquaculture marine, la nouvelle économie, mais pour toute création d'entreprise, les handicaps sont nombreux : insuffisance des sources de financement non dépendantes de l'État ou de Bruxelles, insuffisance de formation sur l'île.
    Quant à l'instrument miraculeux qui allait sortir la Corse de son sous-développement chronique, le PEI (Programme exceptionnel d'investissement), commencé en 2002, le scepticisme à son sujet a longtemps été de mise. Le démarrage a été laborieux. Pour la seconde convention (années 2007-2013), on a mis un coup d'accélérateur. La troisième et dernière convention a été signée en juin 2013.
    Le chômage n'en reste pas moins élevé (grosso modo le même taux que celui établi pour la France métropolitaine).

    Culture et traditions Corse

    Langue corse

    Le corse serait « un faiceau de parlers du groupe itaslien ». La langue corse n’est régulièrement parlée que par les personnes pagées et une poignée de jeunes. Pourtant, on estime à 70 % le nombre d’habitants sachant la parler !
    Depuis que le gouvernement lui a accordé en 1974 le statut de langue régionale, elle est enseignée à l'université de Corte et dans certaines écoles. Mais les puristes préfèrent fabriquer des néologismes néo-corsiens à base de français en oubliant les affinités anciennes avec l’Italie.
    Il faut aussi signaler la difficulté à « fixer » cette langue. Longtemps, elle n'a dépendu que de la tradition orale, et le problème pour l'enseigner est de se mettre d'accord sur un corse « généraliste » qui soit accepté par tous.

     


    Musique corse

     

    Chants profonds : les archétypes

    La musique corse est certainement avant tout une affaire de voix, de chant. De chants profonds, sans âge, transmis de mère en fille, de père en fils.
    On retrouve de grands types musicaux. Citons u chjam'e rispondi, joutes poétiques où deux chanteurs improvisent un duel précisément rimé ; u brinchisu, couplet pour célébrer un évènement heureux ; a paladina, chant guerrier ; a tribbiera, chant paysan ; a nanna, berceuse ; u sirinatu pour les jeunes mariés ; u lamentu pour les défunts.
    Enfin, les chants polyphoniques lors des sérénades et fêtes de villages ou lors de processions religieuses... Ces chants polyphoniques regroupent jusqu'à une dizaine de chanteurs, mais trois voix suffisent.

    La fin du chant traditionnel

    Cependant, la transformation de la société corse, qui a vu son économie et son organisation sociale changer radicalement au cours du XXe s, passant du mode pastoral et autarcique à une émigration massive vers la France continentale (sans toutefois couper le lien), ainsi que l'avènement du tourisme de masse et des moyens de communication actuels, ont eu raison du chant corse. Du moins ont bien failli en avoir raison.
    Il y avait bien, avant guerre, Tino Rossi. Mais quel rapport entre lui et la musique corse ? Ce rossignol d'opérette avait une voix exceptionnelle, mais il n'a pas du tout chanté l'âme corse. 

    Renaissance et reconnaissance

    Au début des années 1970, parallèlement au mouvement nationaliste, survint Canta u Populu corsu, bousculant les idées reçues grâces à ses polyphonies immémoriales et aux chansons de Jean-Paul Poletti. Ce groupe rendait au chant l'une des fonctions qui en Corse était sienne : faire redécouvrir son histoire, sa culture, son âme à ce peuple.
    Avant d'obtenir un grand succès au Canada, Petru Guelfucci fut avec Poletti l'un des fondateurs du groupe.
    I Muvrini, qui est certainement aujourd'hui le plus connu des groupes de musique corse, est également un « descendant » naturel de « Canta ». D’autres groupes, moins en vue, ne sont pas moins bons : Madrigale, qui refuse depasser par les fourches caudines du show-biz, Chjami Aghjalesi, I Surghjenti, Cinqui So (plus tendance world music) ou I Palatini

    La charcuterie

    Il faut absolument goûter la charcuterie corse, au goût subtil et parfumé. Les éleveurs de l'intérieur du pays produisent le prisuttu, la coppa, le lonzu, et le fameux figatellu, succulente saucisse de foie.

    Avertissement

    La quantité de charcuterie artisanale produite en Corse ne peut en aucun cas satisfaire à l'énorme demande estivale. En fin de saison, et même avant, bien des magasins n'ont plus de véritable charcuterie corse. Quant aux restaurants, seules les meilleures tables en proposent.
    Quant aux autres charcuteries, elles sont industrielles ou semi-industrielles, produites à partir de porcs bon marché importés, puis abattus ici.

    Le mythe des cochons sauvages

    Sous cette dénomination se glisse une erreur. Sous prétexte qu'ils se promènent en liberté dans les montagnes et se baladent parfois en bord de route, on les qualifie de sauvages. En réalité, ils ne le sont nullement et ont un propriétaire. Ces cochons se nourrissent principalement de glands et de châtaignes.

    Le long chemin vers une AOC

    La race porcine corse a été reconnue en 2006 par le ministère de l'Agriculture, et l'AOC si longtemps attendue a été mise en place très officiellement, avec son cahier des charges, en 2012, avec les premières ventes en 2013.
    Elle concerne la coppa, le prisuttu et le lonzu. Pour le figatellu et le saucisson, il faudra encore attendre.
    Pour info, la charcuterie industrielle coûte environ 16 € le kg ; l'artisanale double ou triple le prix pour la meilleure. Des éleveurs (moins d'une centaine) se sont regroupés au sein d'une association régionale afin d'obtenir cette fameuse AOC.

    Élevage traditionnel

    - Le prisuttu : jambon maigre traditionnel séché 8 mois au minimum.
    - La coppa : échine de porc taillée dans la poitrine et entrelardée, salée et séchée dans un boyau naturel. Il est poivré en surface après salage.
    - Le lonzu : filet de porc qui conserve sa couche de gras tout autour.
    - Le figatellu : c'est une saucisse à base de foie de porc (et autres abats) que l'on peut manger cru ou que l'on sert généralement grillée, accompagnée de pulenta (de châtaignes, tant qu'à faire). Attention : les figatelli doivent être consommés peu de temps après leur fabrication. Si l'on vous en sert en été, ce sera du congelé car les artisans ne le produisent pas après avril ou mai !
    - Et encore le salamu (saucisse fumée), le salsiccia (saucisson épicé). 

    Le gibier

    Maquis et forêts de l'île en recèlent en abondance, principalement du sanglier. Vous aurez plus de chance d'en manger en automne et en hiver, bien que tout le monde en ait dans son congélateur. Délicieux en daube, en pâté ou en saucisson. Pas mal d'oisillons : pigeons, grives, perdrix...

    Les viandes

    Outre celles déjà citées, quelques préparations traditionnelles : le cabri (cabrettu), le ragoût de porc ou autre (tianu), l’agneau ou le chevreau rôti ou en daube (stuffatu ), les tripettes à la sartenaise, etc. On accompagne ces plats de pâtes ou de pulenta (farine de châtaigne). Vous verrez aussi partout du « veau corse ».

    Les soupes

    Autre plat traditionnel servi en entrée. On en trouve de toutes sortes : aux légumes (soupe paysanne), ou à l'ail, aux oignons, etc. Mais la soupe corse traditionnelle est celle aux gros haricots blancs (soissons) et aux herbes, épaisse, et qui a mijoté avec du lard et des morceaux de viande.

    Les pâtes

     

    Héritage de la colonisation italienne, la pasta est un autre élément indissociable de la cuisine corse. Servie sous toutes ses formes et à toutes les sauces : raviolis (au brocciu), cannellonis (aussi au brocciu), lasagnes (au sanglier), pasta sciutta (à la langouste), etc. Le tout relevé d'huile d'olive et de tomates.

    Les poissons et fruits de mer

    Sur la côte, on conseille le poisson et les fruits de mer : rougets grillés, loups (bars) au fenouil, sardines farcies, sans oublier l'aziminu (bouillabaisse corse). La Corse poduit également de bonnes huîtres et des moules succulentes.

    Les fromages

    On trouve des fromages de chèvre ou de brebis partout en Corse avec cinq « types » principaux qui sont les fleurons des fromages fermiers. Parmi les plus connus, citons le chèvre de Sartène, à pâte dure, et les brebis à pâte plus ou moins molle du Niolo ou de l’Alta Rocca, mais il serait injuste d’oublier le Venachese, le Calinzana ou le Bastilicaccìu.

    Le brocciu (ou brucciu)

    Le brocciu (prononcez « broutch » avec un « ou » à peine audible en finale), on en voit partout, les Corses en mettent dans presque tous les plats ! Il s'agit d'un fromage blanc frais, très onctueux, préparé avec du petit-lait de brebis et/ou de chèvre additionné de lait entier. Il se mange frais hors saison, comme un dessert. Sinon, on le conserve avec du sel pour en farcir ensuite toutes sortes de plats : omelettes, raviolis, beignets, tartes, artichauts, poissons, etc.

    Les desserts

    En Corse, le repas se termine généralement par un fruit. Ceux de l'île sont souvent excellents, notamment les oranges. Sinon, pas mal de pâtisseries : beignets (fritelli), tartes aux noisettes ou autres (torta), gâteaux secs (canistrelli). Les gâteaux à la farine de châtaigne sont un régal. Le pastizzu, parfumé à l'anis, est servi dans le Nord de l'île. La grande spécialité corse reste le fiadone, sorte de tarte au brocciu et au citron, parfois imbibée d'alcool.

    Les miels

    Avec son extraordinaire richesse botanique et son climat, la Corse possède les conditions idéales à l'apiculture. Il existe six variétés de miels corses. Le miel corse bénéficie d'une AOC « Mele di Corsica ».

    Boissons 

    Les eaux

    Il y a trois eaux corses vendues en bouteilles : en eaux plates, Saint-Georges et Zilia. L'eau gazeuse d'Orezza, produite en Castagniccia, est une grande eau de table.

    Les vins

    Beaucoup de relief et donc de coteaux ; beaucoup de soleil et une pluviosité abondante, ainsi que des vents forts, jouant un rôle régulateur.
    La Corse a réussi à garder certains cépages bien à elle et bien adaptés à son terroir (granit, schistes et calcaire).

    On produit ici du vin de table (un quart de la production), du vin de pays (la moitié) et 9 AOC (à peine 25 %) : vins -de -corse (ils sont 6), ajaccio, patrimonio et muscat-du-cap-corse.
    - L’AOC la plus importante en surface et en volume est bien évidemment l’AOC régionale vins-de-corse.
    - L'AOC ajaccio est produite dans les environs de la ville. On y produit d'excellents rouges issus majoritairement du sciacarello, ainsi que quelques rosés et quelques blancs.
    - L'AOC patrimonio produit d'excellents vins, grâce à un mariage réussi entre des terrains calcaires et des cépages bien choisis. Cette toute petite production est d'une grande qualité, avec des prix forcément plus élevés.
    - L'AOC muscat-du-cap-corse correspond à un vin doux naturel.

    Les apéritifs

    Comment ne pas citer en premier le vin du Cap au quinquina, connu sous le nom de Cap Corse, à base de décoctions de plantes aromatiques, d'oranges macérées et de quinquina ? On boit aussi beaucoup de pastis, dont les locaux Dami et Mannarini. Le Casanis est très présent sur les tables des cafés.

    Les liqueurs

    Servies en digestif dans la plupart des restos, les liqueurs sont une autre spécialité insulaire, fabriquées à partir de toutes les plantes du maquis : menthe, myrte, châtaigne, noix, anis, violette ou orange, ou tout autre fruit. 

    Les bières

    La brasserie Pietra produit des bières à la farine de châtaigne. L’une, ambrée, la Pietra, est traîtresse avec ses 6° ; l’autre, la Serena, est une blonde un peu plus légère (5°), au final légèrement citronné. Il en existe une troisième, la Colomba (5°).
    On les trouve un peu partout sur l’île, en bouteilles, et parfois à la pression dans les bars.

    Itinéraires conseillés Corse

    Bastia et le cap Corse

     Bastia et ses environs

    • La cathédrale Sainte-Marie-de-l'Assomption 
    • L'oratoire de la Confrérie de la Sainte-Croix
    • Dans les environs de Bastia : l'oratoire de Monserato, l'ancienne cathédrale de la Canonica

    Le cap Corse

    • Saint-Florent et le Nebbio : la cathédrale de Nebbio 
    • Dans les environs de Saint-Florent (environs de Murato) : l'église San Michele

    La côte ouest de Piana à Ajaccio

    • Les calanche de Piana 

    Ajaccio et ses environs

    • Ajaccio : le musée Fesch 
    • Dans les environs d'Ajaccio : les îles Sanguinaires

    Le golfe du Valinco et le Sartenais

    • Sollacaro : le site préhistorique de Filitosa 

    Le Grand Sud corse

    • Bonifacio : le phare de Pertusato
    • Depuis Bonifacio, excursions en bateau vers les falaises, les calanques et les grottes marines
    • Depuis Bonifacio, excursions en bateau sur les îles Lavezzi et Cavallo

    L'Alta Rocca

    • Levie : le musée de l'Alta-Rocca 

    La Corse intérieure

    • Dans les environs de Calacuccia : le défilé de la Scala di Santa Regina
    • Corte : le musée d'Anthropologie de la Corse 
    •  
    • La vallée de l'Asco : les gorges de l'Asco

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