• Voitures propres ?

    Voitures propres ?

     

    Entre 1975 et 2008, la consommation moyenne d’une voiture en France pour cent kilomètres est passée de 8,6 litres à 5,4 litres, soit une diminution de 37 %. Des innovations comme l’injection électronique, intégrant toujours plus de technologie, ont permis aux moteurs d’exploiter le pétrole de manière plus efficace. Mais, si l’on considère cette fois l’impact environnemental, et non plus seulement la performance d’une unité motorisée, le tableau vire du vert au noir.

     

    Avec l’amélioration du confort et de la sécurité des véhicules, les ménages français dépensent plus pour leur(s) voiture(s). Depuis 1970, la part de l’automobile dans leur budget a presque doublé, en valeur comme en volume, pour faire jeu égal avec l’alimentation (14 % des dépenses des ménages en 2001). Et s’il faut beaucoup moins d’essence pour faire avancer une voiture, le parc a doublé ; il dépasse les vingt-huit millions de véhicules. Au final, l’accroissement du nombre de véhicules, lié notamment aux améliorations technologiques qui les rendent plus attractifs, augmente le nombre de kilomètres parcourus (+ 23,6 % entre 1990 et 2006), la consommation de carburant induite (+ 2,5 %), ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre (+ 10 %) (1).

     

    Ainsi, en dépit de la plus grande efficacité des moteurs, on brûle en France deux cent soixante-dix mille litres de carburant en plus chaque année. S’il se fie aux technologies, le consommateur caresse l’espoir d’utiliser moins de carburant, surtout dans un contexte de hausse des prix. Mais les économies réalisées grâce aux investissements dans des moteurs plus « propres » sont absorbées par la multiplication des véhicules sur les routes. La civilisation de l’automobile transforme nos villes et favorise l’étalement urbain ainsi que l’émergence de grands centres commerciaux. Il s’agit là d’un effet structurel : la voiture transforme nos sociétés ; sa diffusion s’accompagne d’une progression des comportements individualistes et du consumérisme.

     

    Autre (faux) espoir d’amélioration, les réseaux d’information destinés à fluidifier la circulation. Réduire les embouteillages entraîne, pour un trafic automobile constant, une baisse du gaspillage de temps et de carburant. Mais le perfectionnement des infrastructures attire davantage de véhicules sur les routes, accroissant dès lors la consommation globale d’essence… et recréant des bouchons. L’automobile est ainsi l’un des rares secteurs dont les émissions de CO2 n’ont quasiment jamais baissé depuis le milieu du XXe siècle.

    Cédric Gossart.

     

    Automobile, Écologie, Économie, Énergie, Industrie

    Cédric Gossart

     

    Maître de conférences à Télécom Ecole de management (Evry).

     

    (1) « La consommation d’énergie et les émissions polluantes liées aux déplacements », site du ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, Observation et statistiques de l’environnement.


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