• La rose rouge symbole de l'amour


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  • Le matin des étrennes

    Ah ! Quel beau matin, que ce matin des étrennes !
    Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
    Dans quel songe étrange où l'on voyait joujoux,
    Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
    Tourbillonner, danser une danse sonore,
    Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
    On s'éveillait matin, on se levait joyeux,
    La lèvre affriandée, en se frottant les yeux ...
    On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
    Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
    Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
    Aux portes des parents tout doucement toucher ...
    On entrait ! ...puis alors les souhaits ... en chemise,
    Les baisers répétés, et la gaieté permise !

    Arthur Rimbaud 


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  • Décembre

    (Les hôtes)

    - Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
    je frappe au seuil et à l'auvent,
    ouvrez, les gens, je suis le vent,
    qui s'habille de feuilles mortes.

    - Entrez, monsieur, entrez, le vent,
    voici pour vous la cheminée
    et sa niche badigeonnée ;
    entrez chez nous, monsieur le vent.

    - Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
    je suis la veuve en robe grise
    dont la trame s'indéfinise,
    dans un brouillard couleur de suie.

    - Entrez, la veuve, entrez chez nous,
    entrez, la froide et la livide,
    les lézardes du mur humide
    s'ouvrent pour vous loger chez nous.

    - Levez, les gens, la barre en fer,
    ouvrez, les gens, je suis la neige,
    mon manteau blanc se désagrège
    sur les routes du vieil hiver.

    - Entrez, la neige, entrez, la dame,
    avec vos pétales de lys
    et semez-les par le taudis
    jusque dans l'âtre où vit la flamme.

    Car nous sommes les gens inquiétants
    qui habitent le Nord des régions désertes,
    qui vous aimons - dites, depuis quels temps ? -
    pour les peines que nous avons par vous souffertes.


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  • Novembre

    Je lui dis : La rose du jardin, comme tu sais, dure peu ;
    et la saison des roses est bien vite écoulée.
    SADI.


    Quand l'Automne, abrégeant les jours qu'elle dévore,
    Éteint leurs soirs de flamme et glace leur aurore,
    Quand Novembre de brume inonde le ciel bleu,
    Que le bois tourbillonne et qu'il neige des feuilles,
    Ô ma muse ! en mon âme alors tu te recueilles,
    Comme un enfant transi qui s'approche du feu.

    Devant le sombre hiver de Paris qui bourdonne,
    Ton soleil d'orient s'éclipse, et t'abandonne,
    Ton beau rêve d'Asie avorte, et tu ne vois
    Sous tes yeux que la rue au bruit accoutumée,
    Brouillard à ta fenêtre, et longs flots de fumée
    Qui baignent en fuyant l'angle noirci des toits.

    Alors s'en vont en foule et sultans et sultanes,
    Pyramides, palmiers, galères capitanes,
    Et le tigre vorace et le chameau frugal,
    Djinns au vol furieux, danses des bayadères,
    L'Arabe qui se penche au cou des dromadaires,
    Et la fauve girafe au galop inégal !

    Alors, éléphants blancs chargés de femmes brunes,
    Cités aux dômes d'or où les mois sont des lunes,
    Imans de Mahomet, mages, prêtres de Bel,
    Tout fuit, tout disparaît : - plus de minaret maure,
    Plus de sérail fleuri, plus d'ardente Gomorrhe
    Qui jette un reflet rouge au front noir de Babel !

    C'est Paris, c'est l'hiver. - A ta chanson confuse
    Odalisques, émirs, pachas, tout se refuse.
    Dans ce vaste Paris le klephte est à l'étroit ;
    Le Nil déborderait ; les roses du Bengale
    Frissonnent dans ces champs où se tait la cigale ;
    A ce soleil brumeux les Péris auraient froid.

    Pleurant ton Orient, alors, muse ingénue,
    Tu viens à moi, honteuse, et seule, et presque nue.
    - N'as-tu pas, me dis-tu, dans ton coeur jeune encor
    Quelque chose à chanter, ami ? car je m'ennuie
    A voir ta blanche vitre où ruisselle la pluie,
    Moi qui dans mes vitraux avais un soleil d'or !

    Puis, tu prends mes deux mains dans tes mains diaphanes ;
    Et nous nous asseyons, et, loin des yeux profanes,
    Entre mes souvenirs je t'offre les plus doux,
    Mon jeune âge, et ses jeux, et l'école mutine,
    Et les serments sans fin de la vierge enfantine,
    Aujourd'hui mère heureuse aux bras d'un autre époux.

    Je te raconte aussi comment, aux Feuillantines,
    Jadis tintaient pour moi les cloches argentines ;
    Comment, jeune et sauvage, errait ma liberté,
    Et qu'à dix ans, parfois, resté seul à la brune,
    Rêveur, mes yeux cherchaient les deux yeux de la lune,
    Comme la fleur qui s'ouvre aux tièdes nuits d'été.

    Puis tu me vois du pied pressant l'escarpolette
    Qui d'un vieux marronnier fait crier le squelette,
    Et vole, de ma mère éternelle terreur !
    Puis je te dis les noms de mes amis d'Espagne,
    Madrid, et son collège où l'ennui t'accompagne,
    Et nos combats d'enfants pour le grand Empereur !

    Puis encor mon bon père, ou quelque jeune fille
    Morte à quinze ans, à l'âge où l'oeil s'allume et brille.
    Mais surtout tu te plais aux premières amours,
    Frais papillons dont l'aile, en fuyant rajeunie,
    Sous le doigt qui la fixe est si vite ternie,
    Essaim doré qui n'a qu'un jour dans tous nos jours.


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  • Dans son chaudron la sorcière
    Avait mis quatre vipères
    Quatre crapauds pustuleux
    Quatre poils de barbe-bleue
    Quatre rats, quatre souris
    Quatre cruches d'eau croupies
    Pour donner un peu de goût
    Elle ajouta quatre clous

    Sur le feu pendant quatre heures
    Ca chauffait dans la vapeur
    Elle tourne sa tambouille
    Et touille et touille et ratatouille
    Sur le feu pendant quatre heures
    Ca chauffait dans la vapeur
    Elle tourne sa tambouille
    Et touille et touille et ratatouille

    Quand on put passer à table
    Hélas c'était immangeable
    La sorcière par malheur
    Avait oublié le beurre
    Quand on put passer à table
    Hélas c'était immangeable
    La sorcière par malheur
    Avait oublié le beurre

    ©Jacques Charpentreau


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