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    Réunion

    GUIDE DU ROUTARD

    Réunion par Sonia Beillevaire
    Réunion © Sonia Beillevaire

    En plein hémisphère sud, à près de 10 000 km de l’Hexagone (ici appelé métropole), La Réunion, « l’île intense », flirte avec le tropique du Capricorne et ses amours sont toujours tumultueuses.
    Ici, le tourisme dit affinitaire continue de fournir près de la moitié de la clientèle du marché, mais le tourisme d’agrément a connu un rebond ces dernières années. L’île de La Réunion est vivante, surprenante, continuellement en mouvement. Des entrailles de la Fournaise jaillissent des flots de lave si puissants parfois qu’ils parviennent à gagner la mer pour créer de nouveaux territoires. Les vents violents ont façonné les côtes, et les cyclones la balaient régulièrement, mais tout ça fait partie du « paysage ».
    On a oublié l’épidémie de « chik » de 2006 comme on chasse un mauvais rêve, on repartira à l’assaut du Maïdo en guettant la poussée de la végétation et on finira la journée sur la plage. Une grande partie de l’île Bourbon est devenue parc national en 2007, puis les pitons, cirques et remparts ont été à leur tour inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2010.


     À la Réunion, la nature semble exploser de tous côtés ! Que l’on soit au bord d’une falaise de lave noire comme du charbon, au pied d’un piton aiguisé et verdoyant, face à une kyrielle de chutes d’eau, perdu dans un cirque sauvage, au bord d’un lagon vert et bleu ou au-dessus de ce fameux volcan.
    L’autre richesse de l’île de La Réunion, c’est sa population, forte d’un métissage étonnant venu de tout l’océan Indien : Africains, Indiens, Malgaches, Comoriens et aussi Chinois se sont retrouvés ici pour faire revivre leurs traditions et en créer de nouvelles. Vous serez conquis par les Réunionnais, avec leurs coutumes, leur cuisine épicée, leurs redoutables punchs et leurs accents chantants. Les amoureux de bonne chère apprécieront aussi la richesse culinaire de La Réunion, ses plats à l'ancienne sauvegardés de mère en fil(le)s et ses saveurs pas forcément épicées.

    Statut : département français d'outre-mer, depuis le 19 mars 1946.
    - Superficie : 2 512 km².
    - Population : avec 839 000 habitants, c'est le département français d'outre-mer le plus peuplé ; 40 % a moins de 20 ans.
    - Chef-lieu : Saint-Denis.
    - Monnaie : l'euro.
    - Langues : le français et le créole principalement. Plusieurs autres langues encore bien vivantes : le tamoul (Indiens du Tamil Nadu), le gujarati (Indo-musulmans originaires du Gujarat), le chinois, le malgache ou encore le comorien.
    - Religions : catholique en majorité, musulmane et hindoue.
    - Patrimoine mondial de l'Unesco : pitons, cirques et remparts inscrits en 2010 ; le maloya inscrit en 2009 au titre de patrimoine immatériel.
    - Signes particuliers : densité de 332 hab./km² (3 fois la moyenne nationale) ; le volcan actif le plus au sud de la France.

    Économie

    À partir des années 1950, parallèlement à la départementalisation, la société créole est passée d'une économie de plantation à la société du Coca-Cola en l'espace d'une génération. De 1970 à 2000, le solde migratoire a d'abord été négatif avec un départ massif des Réunionnais vers la métropole, puis positif avec un retour au pays, l'arrivée des fonctionnaires, puis des investisseurs dans le tourisme ou encore des « décalés ».
    Certes, l’économie de plantation n’a pas totalement disparu : la filière canne reste la deuxième source de revenus sur l’île, après le tourisme. Cependant, avec la diminution des surfaces agricoles, en raison de la démographie galopante, la pérennité du secteur n’est pas assurée. On a donc imaginé de faire basculer les eaux d’est en ouest, afin de pouvoir irriguer les Hauts de l’Ouest, où il ne pleut pas suffisamment pour la canne. Projet ambitieux, énorme chantier qui concerne les cirques de Mafate et de Salazie et doit se terminer en 2015.
    Les sociologues parlent de société de télescopage entre le modèle créole et le modèle européen. Le taux de chômage constitue le record au niveau européen (60 % des jeunes au chômage fin 2011, selon l'INSEE). La moitié de la population active travaille pour l'État.

    Une croissance capricieuse

    Malgré ces constats alarmants, durant les années 2000, le département a aligné an un taux de croissance plus de 2,5 fois supérieur à celui de la métropole jusqu’en 2009. Le PIB était alors à son plus bas niveau depuis 1993.
    Une famille réunionnaise sur cinq vit des allocations familiales. En 2012, un tiers de la population active réunionnaise était au chômage (60 % chez les jeunes). Une tendance à la hausse qui suit les courbes nationales.
    Entre débrouille, petits boulots et vrais emplois (grâce au tourisme notamment), La Réunion semble à la fois tenir le cap et jouer de malchance.

    Un tourisme en hausse

    Oubliée l’épidémie de chikungunya de 2006 qui a déstabilisé La Réunion. Un séisme alors que le tourisme constitue la première ressource économique de l’île. Le creux de la vague et le manque d’investissement qui en ont résulté ont permis d’identifier des « points noirs » : dépendance du tourisme métropolitain, patrimoine mal connu, pas d’identité affirmée... Il s’agissait alors de relancer la machine et de développer l’économie en attirant plus de touristes.
    Parmi les solutions envisagées : faciliter l’octroi de visas pour les étrangers et s’intégrer mieux au grand bassin de l’océan Indien, créer de nouvelles structures hôtelières ou rénover certaines, etc.
    Les campagnes de communication ont payé puisqu’à l’automne 2008, La Réunion avait retrouvé son taux de fréquentation touristique de l’automne 2005 et la tendance à la reprise se confirmait en 2010, 2011 et 2012.
    L'île attire de plus en plus des touristes belges, allemands, chinois ou encore australiens.
    En dehors des espoirs placés dans Internet, La Réunion a su mieux valoriser ses nombreux atouts : une réserve marine et un parc national tout jeunes, l’inscription de ses « pitons, cirques et remparts » au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2010, un tourisme vert et durable, axé sur la qualité, en contre-pied de la voisine île Maurice.
    Enfin, si l’on peut déplorer l’absence de voies de communication par mer ou par rail, la construction de la route des Tamarins, une quatre-voies dans les Hauts de l’Ouest a permis, depuis 2009, de désengorger la route du littoral.
    Dans un autre registre, un accord entre Air France et Corsair a conduit à une baisse significative du coût des billets d’avion entre mi-juin et mi-septembre, une heureuse initiative !

    Géographie Réunion

    L'île de La Réunion est située dans l'océan Indien et fait partie de l'archipel des Mascareignes, au même titre que l'île Maurice et la petite île Rodrigues.
    Parmi les îles voisines : Madagascar (800 km à l'ouest), l'île Maurice (200 km à l'est) et les Seychelles (bien plus loin au nord).

    N'imaginez pas l'île comme une vaste plage bordée de cocotiers (on n'est pas aux Antilles !). C'est avant tout une île volcanique et montagneuse ; le piton des Neiges culminant à 3 070 m, un ancien volcan, donna naissance à l'île en sortant des flots. Il constitue le premier massif montagneux, entouré de plusieurs sommets dépassant les 2 000 m.
    Plus à l'est, un second massif montagneux, celui du merveilleux piton de la Fournaise, séparé du premier par de hautes plaines : la plaine des Cafres et la plaine des Palmistes. L'ensemble (« l'intérieur », comme on dit ici) constitue l'âme et l'originalité de La Réunion. C'est l'attraction principale : sentiers de randonnée, paysages à couper le souffle, forêts, cascades, villages perdus

    (les « îlets »), etc.

     

    Côtes et littoral de La réunion

    Enfin, il y a le littoral : plus de 200 km de côtes, au pied des montagnes, dont 30 km de plages (essentiellement au sud-ouest). La côte ouest est appelée « côte sous le vent » (ce qui veut dire qu'il y en a peu), la côte est se nomme « côte au vent » (ce qui veut tout dire).
    Chaque pôle touristique a sa « capitale » : Saint-Paul/Saint-Gilles à l’ouest, Saint-Pierre au sud, Saint-Benoît à l’est et Saint-Denis au nord.
    Les côtes ne se ressemblent absolument pas. Un tour complet de l'île est donc nécessaire pour se faire une idée précise de la diversité de La Réunion : lagons et sable à l'ouest (protégés par une barrière de corail), falaises et lave au sud-est (à l'ombre du volcan). Les villes se cantonnent au littoral et l'industrie est quasiment inexistante : sucre de canne et tourisme

    essentiellement.

     

    Décalage horaire

    Ajouter 2h par rapport à l'heure d'été et 3h en hiver (de fin septembre à fin mars). Quand il est 12h à Paris, il est donc 14h ou 15h dans l'île, selon la saison. Il fait nuit de bonne heure et il y a peu de choses à faire après 20h (sinon la fête, bien sûr !). Vivez au rythme créole : levez-vous et couchez-vous avec le soleil.

    Langue créole

     

    La plupart des Réunionnais parlent le créole, même si la langue officielle est évidemment le français. De toute façon, le créole (comme le cajun ou le québécois) est un « parler » français, provenant du français parlé au XVIIe siècle et intègre des apports malgaches, tamouls, voire indo-portugais. Le créole de La Réunion est différent de ceux des Antilles ou de Guyane.
    Depuis quelques années, la langue créole est enseignée à l'université de Saint-Denis, et certains pensent que l'enseignement du français devrait se faire comme une langue étrangère chez les enfants de l'école primaire.
    Depuis l'année 2000, les cours d'histoire du primaire intègrent l'histoire de l'île et de la zone océan Indien. Dire qu'il aura fallu attendre le troisième millénaire pour arriver à cette révolution de programme... Et l'on peut sourire des slogans publicitaires sur le bord des routes ou des instructions d'un distributeur de billets en créole, sans parler des messageries des téléphones portables. On oublie tout simplement que plus de la moitié de la population ne parle en fait que le créole, que 111 000 Réunionnais étaient encore déclarés il y a peu illettrés ou analphabètes (Insee 2011) !

    Poste

    On trouve des bureaux dans toutes les villes de moyenne importance. Affranchissement habituel pour adresser du courrier (penser à surtaxer pour les autres pays de l'UE). Seule distinction, le délai : compter environ 3 jours pour qu'une lettre parvienne en France métropolitaine (ce qui, somme toute, est très raisonnable pour 10 000 km !). La Poste propose des tarifications intéressantes pour les colis.

    Téléphone et télécommunications

    Téléphone

    Téléphone fixe

    - De la France métropolitaine vers La Réunion ou inversement : composer directement le numéro du correspondant à 10 chiffres.
    Attention, d’un portable métropolitain vers un portable réunionnais, composer 00262 en premier, comme si vous appeliez à l’étranger.
    - Des autres pays d'Europe et du Canada vers La Réunion : composer 00262 avant le numéro de votre interlocuteur (sans le 0 et commençant par 262 pour une ligne fixe et 692 pour un portable). Dans l’autre sens, ne pas oublier l’indicatif du pays appelé.

    Possibilité d'appeler depuis les cabines avec une télécarte (Ekocard à tarif très avantageux, en vente dans les supermarchés et chez les marchands de journaux) ou une carte de paiement. Des cartes téléphoniques de sociétés privées (en général à code) proposent des tarifs intéressants pour appeler la métropole. Elles s'achètent dans les boutiques.

    Téléphone portable

    La Réunion est couverte par deux réseaux, SFR Réunion et Orange Réunion. Demandez l'option internationale à votre opérateur avant de partir. Normalement, le mobile se connecte automatiquement.
    En revanche, ne vous leurrez pas, ce n'est pas le tarif métropole qui est appliqué. À La Réunion, on est en France, mais pas pour le téléphone !
    Et si vous passez beaucoup d’appels sur La Réunion, mieux vaut acheter une carte SIM locale. ATTENTION : si le portable n’est pas débloqué (c’est-à-dire libre d’opérateurs), il ne pourra pas fonctionner avec la nouvelle carte SIM.

    Internet

    Quelques cybercafés dans les grandes villes et des cybercases dans les régions les plus reculées (parfois chez des particuliers). Les tarifs vont de gratuit à très élevés. Les chambres d'hôtes et hôtels s'y mettent petit à petit, mais on est encore loin du niveau de prestation de la métropole.

    Cuisine

    Essentiellement créole, même si on trouve des restaurants indiens, chinois et bien sûr « métros », la cuisine réunionnaise est bonne, copieuse et souvent épicée. On y sent une nette influence indienne. Les recettes rappellent aussi les plats malgaches et africains.
    Les produits locaux sont pour beaucoup dans l'originalité de la cuisine réunionnaise. Certains fruits cueillis verts sont avant tout cuisinés en tant que légumes. Ils sont utilisés comme fruits une fois mûrs.
    Les restaurants ferment généralement tôt, midi et soir (sauf sur la côte ouest,

    et encore !).

     

    Viande ou poisson ?

    Comme viande, on trouve surtout des volailles (poulet en cari, canard fumé), de temps en temps du cabri, du porc ou du bœuf et parfois même du kangourou et de l'autruche dans les restaurants.
    En poissons et crustacés, au choix : espadon, marlin, thon banane, grosses crevettes (les camarons) et langoustes (chères les unes comme les autres). À Salazie et à la rivière Langevin, truites d'élevage.

    Les plats traditionnels créoles

      

    - Le cari : il est de tous les menus. À La Réunion, un repas traditionnel sans cari est presque impensable. Il y a le cari-poulet (le plus fréquent), le cari-poisson, le cari-zourites, le cari-langouste, etc. En fait, on met quasiment ce qu'on veut dedans !
    Le cari est une préparation non pimentée qui respecte des règles de base : dans une cocotte en fonte (règle impérative), saisir la viande ou le poisson, faire réduire des tomates et ajouter curcuma (safran-pays), ail et oignon, puis laisser mijoter. Bien sûr, il existe des variantes.
    L'accompagnement est tout aussi important : du riz et des petits bols remplis l'un de grains (légumes secs en sauce, généralement lentilles ou pois), l'autre de brèdes (feuilles de certaines plantes, malheureusement de moins en moins servies), sans oublier les rougails (condiments en principe très pimentés).
    Manger le cari répond à tout un cérémonial : se servir en premier du riz, sur lequel on dispose les grains, puis la viande ou le poisson (ou autre) et enfin les condiments. Ne pas mélanger le tout !
    - D'autres plats ressemblent beaucoup au cari et sont aussi très fréquemment proposés : c'est le cas du massalé (mélange d'épices) et du boucané (manière de préparer certaines viandes), mais surtout du rougail.
    - Le rougail : préparation quasiment identique à celle du cari, à la différence près que la cuisson des épices, oignons, etc., se fait à feu vif et qu'il n'y a pas de curcuma. Le rougail que vous trouverez le plus fréquemment dans les restaurants est le fameux rougail-saucisse. Il existe d'autres variantes.
    - Les civets : les Réunionnais cuisinent beaucoup de civets ; civet coq, civet zourites, civet canard, civet cerf.
    - Le pâté créole : le pâté créole est aux Réunionnais ce que la dinde aux marrons est aux habitants de la métropole, un plat des grandes occasions. Ce pâté se présente sous forme de tourte, avec une pâte brisée ou briochée, et comme garniture une farce de poulet ou de porc agrémentée d'épices, de tomates, d'oignon, d'ail... et d'une goutte de vermouth.

    Les principaux fruits de La Réunion

    Les marchés débordent de fruits. Outre les ananas, les mangues, les avocats, les bananes, les cocos et les pêches, on trouve une ribambelle de fruits tropicaux. Paradoxalement, les restaurants en servent peu.
    Citons l'ananas, la banane, la carambole, le fruit de la Passion, le goyavier, le litchi, la mangue, la papaye, le tamarin...

    Boissons

    On trouve des vins français de bonne qualité à prix corrects dans les grandes surfaces, mais ils voyagent par bateau et même par avion. Puisque vous êtes dans l'océan Indien, ce sera peut-être plutôt l'occasion de goûter aux vins du « nouveau monde » comme ceux d'Afrique du Sud, souvent de très bonne qualité.
    On trouve à La Réunion une grande variété de bières d'importation (dont la Phoenix de l'île Maurice), mais les vedettes incontestées sont la Bourbon, appelée Dodo, et la Fischer, toutes deux brassées sur place, cette dernière sous licence. Depuis 2011, la Dodo a une petite sœur : la Métiss, Dodo fruitée (aux letchis).
    La région de Cilaos, dans l'intérieur, produit les seuls vins de La Réunion. Le vin isabelle, très sucré, se prend en apéritif. D'autres cépages ont été introduits à Cilaos, qu'on déguste à table.
    Cilaos est par ailleurs bien connue dans l'île pour sa production d'eau pétillante.
    Mais la vraie boisson « nationale » est le rhum, omniprésent.

    Le rhum

    Les insulaires ne se sont pas contentés de fabriquer du sucre avec la canne. Ils produisent aussi énormément de rhum. Mais la qualité diffère selon la matière première utilisée, le jus de canne (rhum agricole et vieux rhum) ou la mélasse (rhum dit « traditionnel »).
    Attention au rhum maturé (moins de 3 ans) : léger en apparence mais redoutable...
    Avec le rhum, on peut confectionner des rhums arrangés, des punchs (avec jus de fruits et épices) ou des cocktails.
    N'oubliez pas de goûter au café-vanille. On trouve dans les supermarchés des bouteilles « Pause Café », qui sont en fait des punchs café-vanille au goût de liqueur de café.

    Le rhum arrangé

    À La Réunion, « arranger » le rhum est un sport national. C'est un mélange de rhum traditionnel et de beaux fruits qu'on laisse macérer de 6 mois à 2 ans avec le faham, une orchidée sauvage. Un peu comme les eaux-de-vie de nos campagnes.
    Tous les fruits tropicaux de La Réunion servent à faire des rhums arrangés qui portent bien leur nom : rhum-coco, rhum-vanille, rhum-ananas, etc.


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