Né le 21 mai 1933 à Rochebelle, près d'Alès (Gard), Maurice André a travaillé à la mine dans son adolescence avant de devenir le maître incontesté de la trompette à partir des années 50, jouant et enregistrant avec les plus grands chefs d'orchestre.
Le "trompettiste du siècle", selon le commentaire du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l'hôpital de Bayonne, près d'Urrugne (Pyrénées-Atlantiques) où il résidait.
Sa famille n'a pas souhaité communiquer les causes de son décès.
Initié par son père, un passionné de musique classique qui fut son premier professeur, Maurice André a intégré le Conservatoire de Paris en 1951, à l'âge de 18 ans, première étape d'une carrière jalonnée de prix et de récompenses.
Le jeune homme au souffle inépuisable s'impose rapidement comme la figure de proue d'une brillante école française en tant que soliste aux concerts de l'Orchestre Lamoureux et à l'Orchestre philharmonique de l'ORTF.
Loué pour sa délicatesse, le musicien a donné une popularité nouvelle à son instrument, en introduisant la trompette piccolo pour le répertoire baroque, en revisitant des partitions classiques et en incitant des compositeurs à écrire pour son instrument, comme André Jolivet, Marcel Landowski ou Henri Tomasi.Sa carrière internationale décolle en 1963, quand le virtuose, déjà vainqueur du concours de Genève en 1954, remporte le prestigieux concours international de Munich. Il a alors 30 ans et sa renommée ne connaît plus de frontières.
"Il a permis la renaissance d'un grand répertoire de la trompette", indique à l'AFP son disciple, Guy Touvron, auteur d'une biographie en 2003 intitulée "Une trompette pour la renommée" (éditions du Rocher).
"Il voulait que la trompette devienne l'égale du piano ou du violon", a renchéri Frédéric Mitterrand dans un communiqué.
Maurice André a eu à coeur de transmettre son art, à la centaine de trompettistes qu'il a formés en tant que professeur au Conservatoire de Paris comme au grand public, grâce à l'émission de télévision "Le grand échiquier".
Sa discographie comprend plus de 250 disques dont des dizaines d'or et de platine, mêlant des registres variés.
"La trompette est un instrument difficile", constatait-il dans les colonnes du Monde en 2003.
"Elle suscite des réactions ambivalentes, elle qui a gardé son usage guerrier, le goût du triomphe et de la parade, de ses origines bibliques l'image de l'Apocalypse. Mais elle sait aussi faire danser les filles dans les bals populaires!", ajoutait celui qui a reçu trois Victoires de la musique classique.
Maurice André, dont les enfants Béatrice et Nicolas sont également musiciens, avait fait ses adieux en 2004, même s'il avait ensuite rejoué ponctuellement.
Retiré au Pays basque depuis les années 90, à Saint-Jean-de-Luz puis à Urrugne, ce passionné de sculpture sur bois s'y faisait discret, ne participant pas à la vie publique, selon la municipalité de Saint-Jean-de-Luz.
"Celui qui était reconnu comme +le plus grand trompettiste du monde+ laisse un vide immense dans des millions de foyers français où, grâce à son talent et à sa simplicité légendaire, il avait fait entrer, parfois pour la première fois, la musique classique", a estimé le président de la République Nicolas Sarkozy.