• Avril

     

    Lorsqu’un homme n’a pas d’amour,
    Rien du printemps ne l’intéresse ;
    Il voit même sans allégresse,
    Hirondelles, votre retour ;

    Et, devant vos troupes légères
    Qui traversent le ciel du soir,
    Il songe que d’aucun espoir
    Vous n’êtes pour lui messagères.

    Chez moi ce spleen a trop duré,
    Et quand je voyais dans les nues
    Les hirondelles revenues,
    Chaque printemps, j’ai bien pleuré.

    Mais depuis que toute ma vie
    A subi ton charme subtil,
    Mignonne, aux promesses d’Avril
    Je m’abandonne et me confie.

    Depuis qu’un regard bien-aimé
    A fait refleurir tout mon être,
    Je vous attends à ma fenêtre,
    Chères voyageuses de Mai.

    Venez, venez vite, hirondelles,
    Repeupler l’azur calme et doux,
    Car mon désir qui va vers vous
    S’accuse de n’avoir pas d’ailes.


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